Histoire de Bellême

Bellême, une des capitales de l’ancien comté du Perche, aurait selon certains historiens anciens une origine gauloise et viendrait soit de BELLIMA, déesse de l’eau soit de BELISAMA, déesse de l’intelligence.

 

L’histoire de Bellême commence au milieu du Xème siècle quand un certain Yves, appelé plus tard Yves de Creil, reçoit du souverain carolingien Louis IV d’Outremer, l’ordre de mettre en défense un carrefour de deux routes, l’une venant de Chartres, l’autre venant d’Evreux et toutes deux allant au Mans. Pendant deux siècles la descendance d’Yves contrôle la destinée du lieu et de ses environs.

 

Un premier château est construit sur une motte artificielle en contrebas de la ville actuelle, à l’extrémité d’un éperon barré. Dans cette enceinte Yves et son épouse Godehilde fondent une église en l’honneur de Notre-Dame pour abriter leurs dépouilles à leur mort. Cet édifice religieux, depuis dédié à saint Santin, un contemporain et ami de saint Eloi, est aujourd’hui une des plus vieilles églises du Perche.

 

Au début du XIème siècle, les Talvas, nom que prirent les descendants d’Yves, font construire un nouveau château sur la partie la plus haute de l’éperon qu’ils protègent d’une puissante muraille flanquée de tours et percée de deux portes à chaque extrémité d’une rue appelée aujourd’hui rue Ville Close. En dehors des remparts, ils créent un bourg avec une église, l’une dédiée au Sauveur et l’autre à saint Pierre. Cette dynastie fait régner une certaine terreur dans le pays et au-delà des frontières de la région pendant de nombreuses années.

 

En 1113, Henri Beauclerc, roi d’Angleterre, et Louis VI, roi de France, s’entendent pour emprisonner le seigneur de Bellême et lui confisquent ses biens, qu’ils donnent vers 1115 à Rotrou III, comte de Nogent et de Mortagne, gendre du souverain anglais. Le comté du Perche est né !

 

Pendant plus d’un siècle, la dynastie des Rotrou gouverne le Perche. L’un d’eux Rotrou IV, second comte du Perche, devient le beau-frère du roi de France Louis VII et l’oncle du roi Philippe-Auguste. A ce titre, les comtes du Perche sont pendant deux générations les chefs de la cavalerie française.

 

Lorsque meurt en 1226 le dernier rejeton mâle de cette lignée, le comté du Perche passe en héritage au roi de France, mais pas sans problème, car le jeune roi saint Louis et sa mère Blanche de Castille vinrent y mettre le siège durant les trois mois de l’hiver 1229 pendant la révolte des Barons contre la régente.

 

Après la mort du Roi saint Louis, le Perche est donné en apanage avec le comté d’Alençon à des princes cadets de la famille royale et il en sera ainsi jusqu’ à la fin du XVIIIème siècle. Le dernier comte du Perche sera Monsieur le comte de Provence, frère du Roi Louis XVI et futur Louis XVIII.

 

Bellême est détruite et occupée à plusieurs reprises par les Anglais pendant la guerre de Cent ans et sans interruption de 1417 à 1449. Le porche de la rue Ville Close du côté de l’église Saint-Sauveur semble avoir été construit à cette époque.

 

En 1562 et 1568, la ville est pillée et incendiée par les armées de l’amiral de Coligny et les partisans de la nouvelle religion dite réformée. Un temple protestant existe à Bellême jusqu’en 1685 accueillant de nombreux adeptes : gentilshommes et marchands.

 

La ville de Bellême est considérée jusqu’au XVIème siècle comme la capitale du Perche à cause de sa puissante forteresse qui avait résisté à de multiples attaques. Mais la ville perd peu à peu de son importance lorsque l’administration royale s’installe à Mortagne.

 

Bellême, ayant conservé sa préséance sur Mortagne et Nogent-le-Rotrou,  les Etats généraux du Perche y furent convoqués en 1588, 1614 et 1789. Le clergé, la noblesse et le Tiers Etat y élirent leurs députés, et y rédigèrent leurs cahiers de doléances.

 

Bellême est sous l’ancien régime le siège d’un bailliage, d’une maîtrise particulière des Eaux et Forêts, et d’un grenier à sel. Tous ces corps siègent dans l’hôtel de ville actuel agrandi en 1782. Une des pièces abrite une salle des Eaux et forêts couverte de boiseries en chêne de style Louis XVI dont deux doubles portes qui sont ornées des symboles de la chasse, de la pêche, de l’agriculture, et de la musique. Quant au bâtiment de l’ancien bailliage bâti en 1582, il conserve au dernier étage deux étranges cages en bois que la tradition affirme être des prisons.

 

Bellême, comme Mortagne et Nogent-le-Rotrou, est habitée jusqu’au milieu du XIXème siècle par de nombreuses familles nobles et bourgeoises des environs : les vieilles maisons des rues Ville Close et d’Alençon en sont un témoignage.

 

Un marché se tient dans la ville près de l’église Saint-Sauveur tous les jeudis depuis plusieurs siècles. Autrefois il s’y vendait une grande quantité de produits agricoles (blé, œufs et volailles, et des toiles en chanvre) comme en témoignent encore le nom de quelques rues ou places telles que les rues aux Gélines, Coquetière ou place au Blé.

 

Des halles occupaient jusqu’en 1860 la grande place actuelle devant l’église. De nouvelles furent bâties en 1817 à l’emplacement du vieux donjon des Talvas. Aujourd’hui elles ont été transformées en salle des fêtes.

 

L’église Saint-Sauveur est le seul édifice religieux conservé, tous les autres excepté la chapelle du vieux château, ont été détruits. Cette église date du XVIIème siècle. A l’intérieur, une des huit chapelles latérales a été décorée par Aristide Boucicaut, du "Bon Marché" à Paris, né à Bellême en 1810, et inventeur du commerce moderne.

 

Aujourd’hui, Bellême, est une petite ville paisible de province d’environ 1600 habitants, qui vit au rythme de son marché et des fins de semaines, où la population locale et les résidents secondaires se pressent pour faire leurs achats.

 

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